-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
Emona, à une quinzaine de kilomètres du Sunny Beach, domine le cap, formé par l’entrée de la Stara Planina dans une mer turquoise. Entouré de falaises, le site a pour l’instant échappé à la fièvre du béton. Quelques bulgares ; l’intelligentsia de Sophia, des familles, viennent y construire une maison. La ville est un refuge pour les bulgares fuyant le tourisme de masse qui a envahi leurs côtes. -
Pourtant, à quelques kilomètres d’Emona, les bulldozers se sont mis en marche. Le camp de vacances a été rasé de la plage d’Irakli, par une société offshore basée en Suisse. Les jeunes qui fréquentaient le lieu, tentent aujourd’hui de se mobiliser, pour dénoncer cette frénésie qui a envahit côtes et stations de ski bulgares.
Welcome to Sunny Beach ! Nous ne sommes pas en Amérique, mais en Bulgarie. Dans cette station balnéaire des bords de la mer noire, le tourisme de masse a trouvé son nouvel eldorado. Ici déferle toute l'Europe du Nord, scandinaves, anglais, allemands, polonais, russes, attirés surtout par la plage, et les prix défiant toute concurrence. Pour le reste, Sunny Beach, c'est le temple des loisirs à la mode bulgare. La station balnéaire de l'époque communiste a bien changé : depuis une dizaine d'année, de véritables « folies », que l'on ne trouve guère qu'à Las Vegas, ont fait leur apparition. Les bulgares ont donné un nom à ce style d'hôtels au luxe clinquant et aux façades opulentes : le « mutra baroque », du nom de cette catégorie de businessmans issus de la pègre. Le mélange des genres, avec les goûts de ces classes moyennes d'Europe du nord est surprenant. Les casinos côtoient le deutsches eck, bar à bière communautaire, qui côtoie lui-même un bar anglais, qui côtoie une pizzeria château fort. Plus qu'une ville, c'est un parc de loisir, dont les rues n'ont pas de nom.
De l'avis de professionnels du tourisme, Sunny Beach, la destination discount des pays anglo-saxon, court pourtant droit à sa perte. Constructions anarchiques sur la plage, ou les unes à coté des autres, bétonnage ininterrompu de la cote, en toute saison, bientôt, il n'y aura plus un espace vert dans ce temple des loisirs. Car derrière les façades tapageuses du sunny beach se cache une véritable industrie, bâtie grâce à une intense spéculation, qui alimente les caisses de groupes bulgares pas toujours recommandables. La construction des hôtels sert aussi en effet a recycler de l'argent sale, et conduit à des aberrations. Dans quelques années, le bétonnage aura fait son œuvre au risque de voir apparaître une nouvelle costa del sol. Et une crise nationale.
Sébastien Daycard-Heid
-
PORTFOLIO / DOCUMENTAIRES